Editorial
Faire d’un constat partagé des solutions partageables. C’est la ligne directrice de notre engagement au sein de ce que nous avons voulu nommer Digital New Deal Foundation. Cet intitulé clarifie d’emblée la mission de notre démarche collective. Il traduit l’ampleur d’une tâche que nous estimons nécessaire : replacer la puissance publique au centre de l’évolution numérique afin de la redynamiser. Le caractère hautement hérétique de cette assertion ne nous échappe pas. Il ne s’agit pas de centraliser, d’entraver, de paralyser l’écosystème numérique mais simplement d’affirmer que l’état actuel de la révolution numérique ne présage pas d’un futur équilibré dans lequel les intérêts de chacun seraient respectés. C’est ce constat qui nous a rassemblés.
Chacun dans notre domaine, à notre niveau stratégique de responsabilité, nous avons pu expérimenter l’irruption, pour ne pas dire la disruption, numérique. Cependant, l’enthousiasme initial s’est vite effacé devant un processus finalement aussi peu novateur dans son principe qu’il est inquiétant par son ampleur : la concentration. La taille et l’accessibilité des marchés potentiels a permis à certains acteurs de se construire des monopoles très rapidement faisant fi d’un droit encore taillé sur des considérations physiques et territoriales. Ce mécanisme s’auto-entretient. La masse des données et des liquidités collectées assure la permanence du monopole comme la conquête de nouveaux marchés, elle remet à ces acteurs dominants les clefs de l’avenir numérique de nos sociétés. Notre objectif premier est donc d’expliquer cela.
A partir de ce constat nous avons, au sein du Conseil d’administration, tous élaboré quelques pistes de réflexion. La Digital New Deal Foundation doit être le cadre de formalisation de ces premières idées afin d’aboutir à des propositions solides et applicables qui serviront autant au débat public qu’à l’action politique.
L’idée est donc d’expliquer ; la méthode, de confronter ; la finalité, de proposer ; afin que le citoyen ne soit pas résumé au consommateur, qu’il soit considéré comme un acteur de la révolution numérique aux droits et libertés garantis par la puissance publique.