Cette note est une alerte face à la menace de vassalité éducative à laquelle nous faisons face. Notre incapacité à déployer une éducation numérique de qualité – accessible à tous – et notre impuissance à organiser une filière EdTech française laissent la voie libre aux GAFAM pour pénétrer nos salles de classe.

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  1. CONSTAT
    Alors que la France mobilise un des budgets d’enseignement les plus élevés de l’OCDE, elle stagne à la 23e place de la dernière enquête PISA (sur 79 pays, décembre 2019) et se distingue par ses inégalités scolaires qui s’aggravent. Les 400 entreprises de la filière EdTech française sont entravées par une absence de cadre de l’institution scolaire dans un marché quasiment fermé. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes , la volonté politique de construire un service public du numérique éducatif n’a été accompagnée d’une stratégie de long-terme. La Cour met également en lumière des gaspillages budgétaires, une absence de vision stratégique et un manque de volonté et d’ambition de la puissance publique, creusant l’inégalité entre les territoires.
  2. ENJEU
    Le concept de souveraineté et d’exception éducative doit être appliqué à l’éducation ; notre impuissance à organiser la filière EdTech nous met chaque jour un peu plus au service des GAFAM. Pour préserver notre souveraineté éducative, il faut déployer une politique du numérique éducatif ambitieuse, s’appuyant sur une filière française robuste, capable de battre les GAFAM sur le terrain de la qualité, de l’éthique, des valeurs.
  3. TROIS PRIORITÉS D’ACTION
    Trois priorités d’action immédiate sont nécessaires pour mieux préparer nos enfants au monde de demain :

Priorité #1 : CONSTRUIRE LE SOCLE
Il est primordial de continuer le travail d’homogénéisation du raccordement au haut débit des établissements scolaires afin de développer des usages durables du numérique pour l’éducation. Il faut développer la formation initiale et continue des enseignants au numérique pour une pédagogie renouvelée. Enfin, il convient de favoriser le rapprochement des milieux de la recherche, de l’enseignement et de l’Edtech.

Priorité #2 : FACILITER L’ACHAT PUBLIC EN FAVORISANT LA DÉCENTRALISATION DU MARCHÉ 
Aujourd’hui, celui qui commande n’est pas celui qui utilise. Il faut donner du poids aux territoires et une plus grande autonomie aux directeurs d’établissement et aux professeurs, en déconcentrant l’achat public au plus près des utilisateurs finaux, tout en favorisant une meilleure lisibilité de l’offre et la mise en place d’une culture de l’évaluation et de la mesure de l’usage. Cette autonomie doit être encadrée par une charte de confiance fixée par la Direction du Numérique Educatif. 

Priorité #3 : FAIRE DE L’ÉDUCATION UNE PRIORITÉ D’INVESTISSEMENT DE L’ÉTAT
L’éducation innovante doit être une priorité du prochain Programme d’Investissement d’Avenir (PIA). Il faut redéployer l’investissement public vers le budget des collectivités et des établissements, ainsi que vers des fonds public-privé, pour assurer la structuration, le développement de la filière et l’émergence de champions français capables de rivaliser avec les acteurs étrangers.