SERVICE PUBLIC AUGMENTÉ, BÉNÉFICE COLLATÉRAL DU COVID

23/12/2021

Arno Pons – Délégué général la Fondation Digital New Deal
Arno Pons – Délégué général Fondation Digital New Deal

La crise sanitaire que nous traversons aura eu le mérite de faire émerger des solutions, des talents, qui ont pu exprimer leur potentiel lors de ces circonstances exceptionnelles. Comme en temps de guerre, des héros du quotidien issus de la société civile ont fait la fierté de nos concitoyens. Des infirmières que l’on applaudit, des caissières que l’on remercie, mais aussi… des geeks que l’on gratifie. En faisant chevalier de l’ordre national du Mérite le jeune Guillaume Rozier pour la création CovidTracker et Vitemadose, l’Etat prend acte de sa mue en institutionnalisant la participation des citoyens à la défense de l’intérêt général dont il n’a plus le monopole.

Fait politique confirmé ensuite par le lancement de l’accélérateur d’initiatives citoyennes par la Ministre Amélie de Montchalin le 17 décembre, et par le Président de la République lui-même l’avant-veille via le lancement d’un « Service Public Augmenté », reprenant ainsi les propositions publiées en 2018 par notre think-tank Digital New Deal dans le rapport « Service Public Citoyen ».

Nous avions en effet porté ces idées avec le précurseur Paul Duan, qui fut le premier à expérimenter avec son ONG Bayes Impact cette forme de co-production de services publics avec l’Etat. Nous proposions dans sa note l’émergence d’une nouvelle voie qui combine forces de l’innovation citoyenne et celles de l’Etat dans une alliance inédite en rendant possible la naissance de services publics par le citoyen et pour le citoyen. Une alliance qui répond à un défi que la crise du Covid a rendu encore plus visible, c’est celui de la confiance. La période que nous venons de vivre a été révélatrice de la façon dont nous faisons confiance aux différents interlocuteurs dans le cadre de la transmission d’informations : de manière générale, les citoyens ont davantage fait confiance aux chiffres de CovidTracker qu’à ceux de l’État, alors que dans les deux cas les données collectées, analysées et publiées sont issues de Santé Publique France (via l’opendata). Cet exemple renvoie une nouvelle fois à la méfiance que peuvent inspirer les institutions.

Le succès de services numériques comme Covidtracker ou Briserlachaine.org est toutefois tributaire de la reconnaissance d’une autorité perçue comme légitime par le plus grand nombre. Comme l’explique Paul Duan « le Covid a été un catalyseur de confiance via les services publics citoyens. Il y a un grand décalage entre la volonté de sens, la capacité entrepreneuriale, et de l’autre côté la capacité des institutions à savoir utiliser la multitude ». Ce constat pourrait d’ailleurs être amené non pas à devenir la norme, mais du moins à s’accélérer dans les années à venir pour répondre au grand défi de nos sociétés démocratiques occidentales, à savoir la perte de confiance dans nos institutions, notamment régaliennes. Faire confiance à l’énergie de la multitude et à la légitimité des tiers de confiance publics pour construire ensemble des ecosystèmes de confiance apparaît comme une solution de ré-oxygénation à la fois sur le plan économique et opérationnel, mais aussi du point de vue de l’évolution des régimes démocratiques au XXIe siècle.

De ce point de vue la crise sanitaire aura marqué un tournant, une prise de conscience collective des enjeux de transparence et de collaboration entre les secteurs publics et privés. Il aura fallu attendre une pandémie mondiale pour que politiques et citoyens comprennent notamment les bénéfices de l’opendata. « Véritable solution qui cherchait son problème » selon certains, l’ouverture des données de santé aura permis de faire comprendre l’impact que pouvait avoir ces innovateurs numériques au service du l’intérêt général.

C’est évidemment pour notre think-tank une grande satisfaction de voir ainsi nos recommandations devenir trois ans plus tard des actions politiques portées par le gouvernement. Ce « Service Public Citoyen » rebaptisé « Service Public Augmenté » par le Président de la République, est un signal fort sur le niveau de maturité atteint par l’Etat. En proposant que les données et les algorithmes deviennent une richesse au service du bien commun, la France – ce pays jacobin, vertical, que l’on pensait par essence inadapté à la révolution numérique – est en train de réussir sa transformation en renouant avec sa vision universaliste. La France doit pour cela s’inscrire dans la bonne temporalité, en mettant en place des fonds de soutien pour s’assurer de sa pérennité ; et à la bonne échelle, en promouvant des communs numériques au niveau international. La présidence de l’Union Européenne sera l’occasion de s’en assurer.

Arno Pons (Think-tank Digital New Deal)

ÉDITO

LE NUMÉRIQUE AU SERVICE D’UN FUTUR DURABLE

« La “maison brûle”, ne laissons pas le thermomètre entre quelques mains… » Afin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable, le think-tank Digital New Deal publie un nouveau rapport proposant que les données ESG, privatisées par 6 grandes compagnies américaines de notations, soient accessibles à tous via un commun numérique.

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L’Open Source, chance unique de créer une IA de confiance européenne

L’avenir de la France se dessine aussi dans les lignes de code et les algorithmes. Face à la domination des géants américains et chinois en matière d’intelligence artificielle (IA), l’Europe, et la France en particulier, a une carte cruciale à jouer. Il est temps pour la France de prendre les devants et de se doter d’une IA de confiance pour renforcer sa souveraineté numérique et soutenir ses acteurs nationaux.

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Définir les normes, pas les subir.

Certains acteurs politiques et industriels critiquent la normalisation, allant pour les Britanniques jusqu’à justifier du Brexit du fait des contraintes normatives Européennes et du besoin de souveraineté. C’est oublier un peu rapidement que la normalisation est d’une part essentielle à la construction de la confiance et aux échanges économiques dans les pays modernes, et d’autre part que la normalisation est le résultat d’un consensus auquel chaque acteur peut contribuer. De fait, la normalisation n’est pas un objet éthéré qui tombe du ciel, mais le résultat d’un processus ouvert à toutes les organisations.

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La souveraineté numérique n’existe pas

La crise sanitaire que nous traversons aura eu le mérite de faire émerger des solutions, des talents, qui ont pu exprimer leur potentiel lors de ces circonstances exceptionnelles.

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POINT DE CLOUD SOUVERAIN SANS DATA DE CONFIANCE

La crise sanitaire que nous traversons aura eu le mérite de faire émerger des solutions, des talents, qui ont pu exprimer leur potentiel lors de ces circonstances exceptionnelles.

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Pour une IA des Lumières européenne

L’Intelligence Artificielle (IA) est au cœur des préoccupations et des fantasmes, sa simple définition constitue un défi en soi. Il est donc crucial que nous puissions y contribuer, afin de pouvoir offrir au monde une vision européenne, c’est-à-dire humaniste

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RGPD, quatre ans après, enfin l’acte II

A mesure que se développent les outils numériques, l’ampleur de la collecte et du traitement des données personnelles ne cesse d’augmenter. Chez certains, cela a nourri des craintes d’intrusion dans la vie privée, par les États ou des acteurs privés, mais aussi de discrimination, de surveillance ou de manipulation. La réponse réglementaire européenne, le Règlement Général pour la Protection des Données (RGPD), visant à garantir tant la protection des données que leur libre circulation, a été globalement considérée comme salutaire dans le monde entier.

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« Cloud de confiance » : cuisine et dépendance

Les annonces gouvernementales en début d'année sur le « Cloud souverain » semblaient pourtant frappées du bon sens, et ont été d'ailleurs globalement bien accueillies. À un détail près peut-être, mais pas des moindres : la question des licences aux GAFAM. Beaucoup en effet considèrent que c'était ouvrir la porte en grand aux Big techs dont ils étaient supposés nous protéger. Les fervents défenseurs de notre indépendance technologique, économique et géopolitique, dont notre think-tank Digital New Deal fait partie, sont en droit de s'interroger.

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Plateformes numériques : encore un effort pour être responsables !

Le président Trump chassé du réseau. La petite Mila pourchassée sur la toile. « La naissance du monde », célèbre toile de Courbet, interdite ! Chaque jour son lot de nouvelles étonnantes ou révoltantes qui montrent qu’il y a « quelque chose de pourri au royaume » des plateformes.

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Pour un Education Data Hub au service de l’ouverture des données éducatives

Unique distributeur d’applications sur ses terminaux, Apple abuse de sa mainmise sur le marché mobile iOS. Les victimes ? Les éditeurs d’applications, contraints de se plier aux exigences de la plateforme, et les consommateurs, dont la liberté de choix semble en pâtir.

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Monopole de l’Apple Store : la grogne monte

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« 1 JEUNE 1 PME » : L’EMPLOI DES JEUNES POUR ACCELERER LA TRANSITION NUMERIQUE DES TPE-PME FRANCAISES

L’instauration d’une dynamique nouvelle entre les filières du numérique de l’enseignement supérieur et les TPE-PME pourrait contribuer positivement à la transition numérique des entreprises, en même temps qu’à l’emploi des jeunes.

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UNE GOUVERNANCE POUR LA CIRCULATION DES DONNEES PERSONNELLES

L'article 20 du Règlement général sur la protection des données, qui consacre un droit à la portabilité des données, constitue une des clés pour mettre sur pied une architecture de circulation des données personnelles plus vertueuse que celle qu'ont mise en place les Big Tech.

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DATA : LA SEPARATION DES POUVOIRS POUR CONTRER LA MONARCHIE DES GAFAM

Notre dernière publication propose un modèle concret de partage des données personnelles, centré sur l’individu, offrant ainsi un modus operandi commun aux entreprises et collectivités afin qu’elles coopèrent et innovent.

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QUEL NOUVEAU SOUFFLE POUR L’ETAT PLATEFORME ?

Le besoin d’État s’accompagne d’une demande de transformation des moyens de l’action publique pour en assurer la réactivité, la résilience et la proximité avec les citoyens et les territoires.

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NUMERIQUE EDUCATIF : ET APRES ?

La crise du Covid-19 a mis la résilience du système éducatif scolaire à rude épreuve, notamment pendant la période de confinement. En effet, l’impératif de continuité pédagogique du confinement a conduit à une expérience “grandeur nature” du numérique éducatif dans le milieu scolaire.

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BIG TECH : L’HEURE EST A LA RESPONSABILITE

Alors qu’Internet est devenu l’espace central de la circulation de l’information, il devient crucial d’imposer aux géants du numérique, principaux acteurs d’échanges, un régime de responsabilité à la hauteur de l’influence qu’ils détiennent.

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DEFENDRE NOTRE EXCEPTION EDUCATIVE A L’ERE NUMERIQUE

L’impact systémique du numérique sur la société doit pousser l’Education nationale à sortir de son immobilité, à amorcer une mutabilité pérenne de l’institution scolaire.

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BIG TECH : L’HEURE EST A LA REGULATION PAR LA MULTITUDE

Face à la concentration inédite du pouvoir sur Internet dans les mains d’un petit nombre d’entreprises identifiées, quelle est la nature du contre-pouvoir à adopter ?

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SORTONS DE NOTRE PARALYSIE EN DEMYSTIFIANT LES GEANTS DU NET !

La dépendance à deux systèmes d’exploitation (OS), MS/DOS Windows et Unix/Linux constitue la racine commune des difficultés et effets secondaires négatifs de notre développement technologique actuel.

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L’ADMINISTRATION, LA NOUVELLE AVENTURE ENTREPRENEURIALE ?

Aujourd’hui, l’innovation technologique profite majoritairement aux intérêts privés, et les innovations sociales – aussi prometteuses soient elles – peinent à atteindre une envergure à la hauteur des enjeux de société.

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